A travers une étude publiée le 10 juin, l’Insee tente d’établir des liens entre le niveau de revenu et le niveau de bien-être ressenti.
L’argent fait-il le bonheur ? La question a été débattue à de nombreuses reprises. Et aucune réponse n’est parvenue à faire l’unanimité. Alors l’Insee a tenté de mettre fin au débat dans une étude publiée en juin.
L’étude tente de répondre à une question précise : existe-t-il un niveau de revenu au-delà duquel l’argent n’améliore plus le bien-être ressenti ? La réponse à cette question passe par la mise en place de ce que l’Insee appelle « un seuil de satiété », à partir duquel il n’y a plus de lien entre la satisfaction dans la vie et le revenu. « Au-delà de ce seuil, les accroissements de revenu cessent entièrement d’améliorer la fréquence des moments de bonheur », explique l’Insee. Ce seuil de satiété est exprimé selon le revenu disponible. Il comprend donc les différentes aides sociales qui peuvent s’ajouter aux revenus avant impôts.
C’est précisément ce seuil de satiété qui permet de savoir le niveau de revenu qui permet d’être heureux. A noter que ce seuil est bien moins élevé en France que chez certains autres pays occidentaux. En Allemagne, il faut un revenu disponible de 40 000 euros par an pour être heureux. Au Royaume-Uni, c’est 45 000 euros. Ce montant atteint même 60 000 euros en Australie et 80 000 euros aux Etats-Unis.
Souvent qualifiés de râleurs, les Français sont pourtant loin d’être les plus durs à satisfaire. En effet, en France, il faut avoir un revenu disponible de 30 000 euros par an (soit 2 500 euros par mois) pour être heureux. La généreuse protection sociale française n’est sans doute pas étrangère à ce montant plus faible qu’ailleurs. Attention, cette somme au sein d’un foyer est « par unité de consommation » (UC) écrit l’Insee. Si on se livre aux calculs, un foyer composé de deux adultes et deux enfants de moins de 14 ans aura donc besoin de 63 000 euros (1 UC + 0,5 UC + 0,3 UC + 0,3 UC = 2,1 UC * 30 000). Un foyer avec deux enfants de plus de 14 ans nécessitera 75 000 euros.
L’étude a mis en place des domaines de satisfaction et les seuils diffèrent selon ces domaines. Par exemple, ce seuil intervient à 27 000 euros pour les loisirs, à 35 000 euros pour l’état de santé ou encore à 21 000 euros concernant le sentiment d’insécurité. Un domaine ne possède pas de seuil de satiété. En effet, pour le logement, le niveau de satisfaction continue d’augmenter proportionnellement avec le niveau de revenu. Enfin, comme le précise l’étude, « le sentiment de solitude, le pessimisme et la nervosité décroissent significativement avec le revenu jusqu’à un seuil de 30 à 40000 euros ; il en va de même du sentiment d’être déprimé, avec cette particularité que celui-ci augmente avec le revenu au-delà de 31 000 euros ».
L’Insee a également classé les personnes interrogées en sous-groupes pour déterminer le revenu disponible qu’il faut avoir selon différentes catégories. Là aussi, certains enseignements méritent d’être retenus. Par exemple, les 16-29 ans possèdent un seuil de satiété de 28 480 euros quand celui des 55-66 ans atteint 32 000 euros. Les habitants d’une ville de moins de 5 000 habitants sont moins « difficiles » que ceux d’Ile-de-France : ils peuvent se contenter de 26 059 euros quand les Franciliens ont besoin de 31 950 euros. On imagine aisément le rôle du prix du logement dans cette différence. Enfin, l’étude nous apprend que les retraités ont un seuil de satiété de 33 292 euros.