Une faille électronique permet aux voleurs de s’emparer de cette voiture en moins de deux minutes.
En 2024, la Toyota RAV4 a été le véhicule le plus fréquemment volé en France, d’après l’Argos, entité regroupant les assureurs français. Ce SUV, qui a franchi la barre des dix millions d’exemplaires vendus dans le monde, est paradoxalement victime de son succès. Vanté pour sa fiabilité, ce modèle emblématique de la marque japonaise souffre pourtant d’une faille technique majeure.
La vulnérabilité vient du système électronique du véhicule. Sans effraction visible, les voleurs peuvent déverrouiller le véhicule et le démarrer. Les malfaiteurs utilisent des appareils électroniques pirates, parfois camouflés dans des boîtiers d’enceinte JBL ou d’autres appareils du quotidien pour ne pas éveiller les soupçons lors d’un contrôle.
Au Journal du Net, Benoît Leclair, directeur de l’Argos, détaille : « il suffit de se brancher sur les faisceaux électriques pour ouvrir le véhicule ». Les voleurs accèdent généralement à ces connexions en tirant sur le pare-chocs au-dessus de la roue et en manipulant les câbles des phares, avant d’utiliser leur dispositif électronique pour pirater le réseau du véhicule. « Une fois les voleurs dans le réseau, ils ont accès à tout l’écosystème de la voiture ».

Une fois volés, ces véhicules prennent la direction de l’Afrique depuis les grands ports français et des pays voisins (Le Havre, Marseille, Gênes ou Anvers) et finissent leur vie au Sénégal, au Ghana ou en Guinée où la demande pour les RAV4 est particulièrement forte.
« Ce sont des groupes très organisés », estime Benoit Leclair. En novembre 2021, une enquête menée par les gendarmes de la brigade de recherche de la gendarmerie de Meaux (Seine-et-Marne) a permis le démantèlement d’un réseau ayant volé 48 véhicules Toyota, principalement des RAV4, pour un préjudice estimé à 1,2 million d’euros.
Cette vulnérabilité affecte principalement les modèles de la quatrième génération des RAV4 (2013-2019), mais concerne également d’autres véhicules Toyota comme la C-HR, qui figure parmi les 100 voitures les plus courantes en France, selon AutoPlus. « Nous avons eu des réunions avec Toyota, notamment au niveau européen. Ils sont conscients du problème et ont commencé à prendre des mesures pour renforcer la sécurité de leurs véhicules », confie Benoît Leclair.
Outre le vol complet du véhicule, les RAV4 sont également ciblés pour leurs pots catalytiques, riches en métaux précieux. Par exemple, le rhodium, métal contenu dans certains modèles, attire particulièrement les voleurs : son cours sur le marché international est plus élevé que celui de l’or. Ces actes sont si fréquents que Toyota a commencé à proposer un bouclier antivol à installer sous certains modèles.
Pour se prémunir contre ces vols, Benoît Leclair recommande aussi plusieurs solutions : « Ajouter une canne sur le volant ou le pédalier, installer une alarme, ou encore un GPS supplémentaire. Ce sont des protections qui ralentissent les voleurs. En général, ils cherchent la facilité et ne veulent pas perdre de temps : s’ils voient une RAV4 avec une canne, ils préfèrent en prendre une sans. »