La modernisation urgente des installations nucléaires françaises est vitale pour notre indépendance énergétique. Ces investissements garantiront souveraineté et avenir décarboné.
Alors que le monde est confronté à des crises énergétiques et à des tensions géopolitiques croissantes, l’autonomie énergétique de la France revêt un caractère plus stratégique que jamais. Le nucléaire, pilier de cette indépendance, doit être réaffirmé au cœur de nos priorités. La décision du Conseil de Politique Nucléaire (CPN) de février 2024, validant des investissements majeurs pour moderniser et développer les infrastructures de La Hague, nécessite désormais une mise en œuvre rapide et concrète.
Saluées par beaucoup, les décisions relatives aux investissements dans les installations du cycle nucléaire sont pourtant encore en attente de mise en œuvre. La fragilité des approvisionnements en énergies fossiles a rappelé l’urgence de garantir notre indépendance énergétique, que le nucléaire renforce de manière déterminante. Cette indépendance repose sur deux leviers : la maîtrise technologique et la sécurisation de l’approvisionnement en uranium.
Certes, la France bénéficie d’une chaîne d’approvisionnement diversifiée, assurant des stocks d’uranium suffisants pour 3 ans. Nous sommes en capacité de remplacer rapidement les combustibles importés par ceux produits en France ou dans l’Union européenne. Mais notre force réside également dans nos capacités de recyclage et d’enrichissement, grâce à des stocks d’uranium et de plutonium prêts à être valorisés en cas de difficultés d’approvisionnement.
Jusqu’à récemment, notre stratégie pour le cycle du nucléaire se projetait jusqu’en 2040. Le dernier Comité de Politique Nucléaire (CPN) a élargi cette vision jusqu’à la fin du siècle, en maintenant le traitement et le recyclage des combustibles nucléaires sur cette période. C’est une excellente nouvelle pour l’avenir énergétique de la France.
La modernisation des installations de traitement et de recyclage, combinée à la décision de poursuivre la fermeture du cycle, permet de préparer l’exploitation future de l’uranium appauvri, de l’uranium de retraitement et des combustibles MOX usés. Cette décision ouvre également la voie au développement des réacteurs modulaires avancés (AMR), qui, en plus de répondre à divers besoins énergétiques (sites industriels, réseaux urbains), nécessitent des combustibles recyclés et des chaînes de production adaptées.
Ces orientations sont les bonnes. Elles renforcent notre indépendance énergétique tout en favorisant une énergie décarbonée et une gestion responsable des matières premières. Il faut désormais passer de la décision au projet.
Malgré les contraintes budgétaires actuelles, il est indispensable que le gouvernement mobilise les financements nécessaires avant la fin de l’année pour moderniser les infrastructures du cycle nucléaire. Cet effort financier est non seulement vital pour notre souveraineté énergétique, mais aussi pour répondre aux défis environnementaux de demain.
En investissant de façon constante et significative dans les infrastructures du cycle nucléaire, la France ne se contente pas d’agir en adéquation avec la politique énergétique dessinée par le président de la République lors du discours de Belfort en février 2022 : elle confirme son rôle de pays expert, précurseur et responsable. Le moment est venu de prendre des décisions audacieuses et d’investir dans notre avenir nucléaire. Il est grand temps de sortir des débats de posture pour enfin embrasser pleinement notre devoir au service d’un avenir énergétique souverain et décarboné.