La taxation des mutuelles inquiète, risquant d’augmenter les cotisations. Aymeric Méhu plaide pour une refonte du système via le numérique et une coopération accrue pour maîtriser les coûts de santé.

L’annonce récente d’une potentielle taxation supplémentaire sur les mutuelles fait l’effet d’un séisme dans le secteur de la santé. Alors que les cotisations des complémentaires santé ont déjà connu une hausse significative, justifiée par un ensemble de facteurs structurels, le gouvernement envisage désormais de récupérer directement le milliard d’euros initialement prévu dans un transfert de charges, qui n’a finalement pas été adopté dans le budget 2025. Cette volte-face soulève des questions cruciales : les assurés seront-ils, une fois de plus, les premiers à payer les conséquences ? Les mutuelles, de leur côté, rappellent que ces augmentations sont loin de se limiter à cet enjeu budgétaire, invoquant le vieillissement de la population, les progrès médicaux coûteux, et l’impact de réformes comme le 100 % santé.

Dans ce contexte tendu, il devient impératif de repenser notre modèle de financement de la santé pour éviter que le système ne devienne inaccessible à ceux qui en ont le plus besoin.

Il est essentiel de repenser les fondamentaux opérationnels et structurels pour les mutuelles et les assureurs santé. En ce sens, les outils numériques peuvent jouer un rôle fondamental dans cette nécessaire optimisation. Les applications mobiles, par exemple, peuvent permettre d’informer les assurés sur leur parcours de soins, leurs remboursements et leurs dépenses de santé. Cette transparence favorise une consommation plus maîtrisée des soins, première condition à la prévention, donc à la maîtrise des coûts à terme. Des solutions de carte de paiement virtuelle peuvent non seulement éviter l’avance de frais et informer l’assuré de sa prise en charge, mais permettre aussi aux mutuelles de maîtriser leurs coûts et d’intensifier la lutte contre la fraude. Cette technologie offre également aux mutuelles des opportunités pour réduire leurs coûts opérationnels. L’automatisation des tâches répétitives, la réduction des tâches de gestion administrative et des risques sont autant de moyens permettant de dégager d’importantes économies. Ces innovations ne se contentent pas de rationaliser les processus internes. Elles offrent également une transparence accrue sur les dépenses et les remboursements, tant pour les mutuelles que pour les assurés. Une telle visibilité permet d’identifier rapidement les inefficacités et de prendre des mesures correctives, contribuant ainsi à une meilleure maîtrise des coûts.

La tendance à la hausse des tarifs des mutuelles, quoique inquiétante, pourrait être perçue comme une occasion de redéfinir le modèle structurel des acteurs de santé. Il convient d’aborder ainsi le sujet en prenant en compte la globalité des enjeux, comme la mise en place de véritables pratiques préventives, l’éducation des assurés, les systèmes de paiement ou la valorisation des données de santé. La prudence est de mise. Face à l’ensemble de ces préoccupations, tous les acteurs du système de santé – mutuelles, assureurs, professionnels de santé, pouvoirs publics, assurés, et startups – doivent se coordonner en vue de rechercher des solutions consensuelles, satisfaisant les différents intérêts.

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