Diversification rime-t-elle toujours avec raison ? Certains placements facilement accessibles car assortis d’un ticket d’entrée très faible et d’une distribution numérique attirent les investisseurs en quête de hauts rendements. Parés des étiquettes « nouveau », « économie réelle » ou encore « high-tech », ils s’accompagnent aussi de risques non négligeables.
Le crowdfunding pour investir local
Voilà déjà dix ans que le crowdfunding s’est fait une place dans la panoplie des placements des Français. En contrepartie d’un ticket d’entrée modeste (de 100 à 1.000 euros), cet investissement donne l’occasion de financer un projet identifié à l’avance. Cela peut passer par une aide à l’installation de moyens de production d’une énergie renouvelable (panneaux photovoltaïques, etc.), à l’ouverture d’une épicerie bio par un agriculteur, au financement d’une machine-outil pour une PME ou au montage d’une opération immobilière d’un promoteur ou d’un marchand de biens. L’atout phare est, ici, de sélectionner soi-même un projet concret, ayant du sens ou parfois même local.
Avant la levée de fonds en ligne, le site chargé d’organiser la collecte détaille chaque opération avec une analyse financière de l’acteur en quête de fonds et de l’opération qu’il envisage en précisant la durée d’investissement et le rendement. Reste que cette facilité et rapidité d’accès (en quelques clics) peuvent aussi constituer un piège. D’abord, on ne mise ici que sur la réussite d’une opération.
Le risque est élevé notamment dans la pierre. L’an passé, face à l’envolée des taux de crédit et à la raréfaction des acheteurs, beaucoup d’opérations immobilières (promotion, réhabilitation) financées avec du crowdfunding ont accusé des retards et n’ont pu être remboursées à temps. « C’est devenu un placement risqué. Voilà pourquoi, cette année, les performances avoisinent 11 % à 11,5 % en 2024, contre 9,5 % en 2022 », indique Alexandre Toussaint, président-fondateur de Baltis. De plus, aussi séduisante soit-elle, la performance annoncée à la souscription n’est jamais garantie.
Enfin, ce placement n’est pas liquide. Les fonds investis sont bloqués (entre un et cinq ans) sans possibilité de sortir avant l’échéance. Pour ceux qui apprécient malgré tout ce mode d’investissement, mieux vaudra mixer les dossiers et les plateformes et ne pas y consacrer plus de 5 % de son patrimoine.
L’immobilier fractionné pour acheter sans crédit
Face à des prix de la pierre encore élevés et à la difficulté d’obtention d’un financement pour acheter un bien locatif, certains épargnants sont séduits par les formules dites d’« immobilier fractionné ». Proposé par plusieurs plateformes (Bricks.co, Tantiem, Kastel.co, Louve Invest, etc.), ce type d’investissement accessible dès 100 euros consiste à acheter une ou plusieurs parts d’un bien immobilier (habitation, commerce, bureau…) déjà loué ou à louer.
Avec ce scénario, les épargnants zappent le financement bancaire et se partagent les rendements locatifs (de 4,5 à 8 % par an) avec les autres investisseurs. Cette répartition vaut aussi en cas d’éventuelles plus-values à la revente. Reste que ce placement présente certains inconvénients
Certes, l’actif est réel, mais c’est une société qui en est l’unique propriétaire. Les épargnants ne détiennent pas les titres de propriété du bien mais disposent de parts. D’ailleurs, la fiscalité liée à ce placement est celle des valeurs mobilières, soit la flat tax (ce qui en l’occurrence est plutôt un atout).
A noter : les frais (entrée, gestion, revente) de ces plateformes sont parfois salés, donc susceptibles d’écorner le rendement. La liquidité de ce placement reste à prouver sachant que certains dossiers nécessitent un engagement minimum de six ans. « C’est une bonne idée sur le papier. Pour autant, comme on ne dispose pas encore d’historique, c’est l’inconnue quant au bon déroulement de ces opérations dans le temps et leurs conditions de leur débouclage », avertit Miléna Carré, fondatrice du cabinet de gestion de patrimoine Héra Capital.
Les cryptos, avec des pincettes
L’univers des cryptos traverse une période faste et bien que le cours du bitcoin se soit apprécié à la faveur notamment de l’opération de « halving » (division par deux du nombre de bitcoins émis sur le marché) d’avril dernier. On aurait presque tendance à oublier que cette jeune classe d’actif n’est pas sans risque. Or, dans ce marché virtuel et peu réglementé, les déconvenues sont réelles et sévères. L’extrême volatilité de ces actifs peut se matérialiser par un décrochage des cours à deux chiffres en l’espace de quelques heures et donc de perte sèche assez rude.
Autre écueil : les intermédiaires ne sont pas tous fiables avec déjà beaucoup de sorties de route ou d’arnaques. Voilà pourquoi cet investissement de diversification est à prendre avec des pincettes. Il doit être envisagé en acceptant l’éventualité de perdre la somme investie.
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