Après une année 2023 marquée par une forte contraction du marché immobilier, ce dernier a connu des signes de frémissements prometteurs au cours du premier trimestre 2024. Le point sur la situation du marché avec Yann Jéhanno à l’occasion de la publication du dernier billet de tendances Laforêt.


Quel bilan tirez-vous de ce premier trimestre 2024 ?

L’état des lieux est positif, pas encore enthousiaste mais bel et bien encourageant avec une augmentation de la demande, certes légère mais perceptible, de 0,9 % au niveau national par rapport au dernier trimestre 2023. Le marché immobilier bénéficie d’une conjoncture favorable, avec des taux d’emprunt qui sont passés sous la barre des 4 %, des prix immobiliers qui ont reculé en 2023 et qui continuent de reculer sur le premier trimestre, sans oublier des banques qui ouvrent de nouveau le robinet du crédit. Force est de constater que les Français commencent à réactiver les projets immobiliers qu’ils avaient mis en pause l’année dernière, en trouvant à juste titre que le contexte ne leur était pas favorable.

Quels sont les signes de frémissement au sein de votre réseau ?

Nous observons depuis plusieurs semaines consécutives une augmentation de la fréquentation de notre site internet, des demandes d’estimations, sans oublier des signatures des mandats de vente au sein de nos agences. L’offre est ainsi en train de se reconstituer progressivement, avec une hausse globale de 4,8 % à l’échelle nationale par rapport au dernier trimestre 2023, mais celle-ci reste encore à ce jour insuffisante. Les acquéreurs aimeraient en effet avoir du choix dans leurs recherches.

Peut-on d’ores et déjà parler de reprise ou est-ce encore un peu tôt ?

Certains parlent aujourd’hui de printemps immobilier. De mon côté, je préfère dire que nous en sommes encore au stade de l’hirondelle et que celle-ci ne fait pas le printemps. Après une année 2023 fortement perturbée, nous pouvons bien évidemment nous réjouir des premiers signes d’amélioration, mais il est encore prématuré de parler de reprise. Les conditions d’accès au crédit restent encore difficiles notamment pour les primo-accédants, les investisseurs sont quelque peu bouleversés par les annonces contradictoires du premier trimestre, et la promotion immobilière, toujours à l’arrêt, n’alimente plus le marché de l’ancien. Nous sommes encore à ce jour dans un marché de pénurie.

La baisse des prix est-elle aujourd’hui suffisante pour relancer le marché ?

Le marché immobilier continue de s’ajuster, avec une baisse des prix qui se confirme au niveau national, à – 1,2 % pour ce premier trimestre. Si l’on procède à une règle de 3, le retrait devrait encore être inférieur à 5 % pour l’année 2024. Le recul des prix était de 3,9 % en 2023. Si nous sommes sur la bonne voie, celui-ci reste encore insuffisant et nous devons mener un important travail de pédagogie pour faire entendre raison à une majorité de vendeurs.

Sans compter, qu’il existe de nombreuses disparités en France. Certaines villes comme Nice, Marseille, Biarritz ou encore Brest voient ainsi encore leurs prix immobiliers progresser. D’autres connaissent une stabilisation des prix, à l’instar de Nancy, Dijon et Rouen. A Paris, la baisse est plus accentuée, avec – 1,5 %, amenant désormais le prix moyen au mètre carré à 9 711 euros.

Quant à l’Ile-de-France, elle paie aujourd’hui les excès de la sortie du Covid. Une période, où les Parisiens en quête d’espaces verts quittaient la capitale avec un important pouvoir d’achat pour acquérir une maison en première ou en seconde couronne, et qui ont ainsi participé à l’inflation avec des prix d’achat souvent déconnectés de la réalité. Le marché immobilier en Ile-de-France est ainsi aujourd’hui celui qui souffre le plus, avec un recul de la demande, une baisse des prix plus marquée que dans le reste de la France et des délais de vente qui ont augmenté de 8 jours en 3 mois.

Votre baromètre met en avant une baisse d’attractivité des maisons ? Comment expliquez-vous cette nouvelle tendance ?

La demande pour les appartements a en effet augmenté de 6,9 % par rapport au dernier trimestre 2023, tandis que celle pour les maisons a reculé de 4,2 %. Confrontés à une baisse de leur pouvoir d’achat, les Français privilégient désormais des biens moins onéreux à l’achat comme à l’usage. Les frais d’entretien d’une maison sont en effet sans commune mesure avec ceux d’un appartement pour lequel l’acquéreur ne doit payer que les charges de copropriété. Ainsi, à titre d’exemple, lorsque la chaudière d’un immeuble tombe en panne, le prix de la réparation est réparti entre tous les copropriétaires, tandis qu’il est à la charge unique du propriétaire lorsqu’il s’agit d’une maison individuelle.

La pression fiscale et réglementaire et les rétropédalages sur le budget MaPrimRénov ou sur le DPE ne font qu’ajouter de l’instabilité à un secteur qui a besoin au contraire de pérennité. Il est temps de prendre des mesures simples et concrètes en faveur des primo-accédants et des investisseurs, dont la France a tant besoin…

La première d’entre elles concerne le prêt à taux zéro. Il faudrait désormais accorder ce PTZ à l’ensemble des primo-accédants, et ce sans conditions de travaux de rénovation, ni de zone géographique.

Une autre mesure essentielle serait de revoir les critères d’octroi des crédits du HCSF qui ont été fixés à un moment où le marché immobilier était en surchauffe. Ils ne sont donc plus d’actualité et leurs contraintes doivent être levées.

Enfin, il s’agit de stimuler les investisseurs grâce au statut du bailleur privé que l’ensemble de la profession réclame depuis de nombreuses années. A savoir un statut de droit, gravé dans le marbre, qui soit pérenne et s’articule autour d’un avantage fiscal et d’une éco-responsabilité.

Quels sont les objectifs et projets du réseau pour 2024 ?

Nous allons poursuivre notre développement et consolider notre maillage. Si le marché immobilier enregistre moins de transactions immobilières que par les années passées, les volumes restent malgré tout importants. Nombre de nos franchisés profitent d’opportunités pour s’implanter sur des territoires où l’enseigne Laforêt n’était pas encore présente.

Nous souhaitons poursuivre la diversification de nos métiers dans la gestion locative, puisque 20 % de nos agences ne sont pas encore converties à cette activité. Il en va de même pour celle de syndic de copropriété que nous avons développée depuis 2 ans et qui offre encore une marge de progression conséquente.

Notre leitmotiv est d’accompagner toujours mieux nos clients grâce à de nouvelles solutions pour répondre davantage à leurs attentes, mais aussi celles de nos collaborateurs via la construction de carrière, la fidélisation, sans oublier la formation. Le contexte difficile de 2023 n’a pas remis en cause notre feuille de route pour les années à venir.

 

 

Stéphanie Marpinard

Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d’un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l’immobilier, l’emploi et les ressources humaines.

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